mercredi 5 décembre 2007

Oui à la réparation, non à la vengeance

Courriel à André Montmorency, rédigé et envoyé le 5 décembre 2007, 13h Montréal Message personnel, non destiné à la publication dans l'un de vos ouvrages Bonjour, André, Je fais partie des Québécois *de souche*, mais je regarde rarement la télé française. Hier soir, comme mes émissions habituelles étaient en reprise, j'ai fait le tour des postes, ce qui n'a pas pris beaucoup de temps, vu que je n'ai pas le *câble*. : ) Et là, je tombe sur TVA. Je ne connais pas l'animateur de l'émission diffusée vers 23h45, 0h, et je ne connais pas l'invité non plus, mais je vois une bande, au bas de l'écran, qui mentionne *L'Église*, alors je décide d'écouter, un moment, pour voir de quoi il s'agit. J'ai bien pensé, il y a deux semaines environ, quand le Cardinal Marc Ouellet a pris le micro pour demander pardon, au nom de l'Église, que son geste ne donnerait rien de bon. Je me suis demandé s'il n'avait pas l'arrière-pensée de mousser sa pub personnelle, d'ailleurs, en raison des fêtes spéciales qui auront lieu à Québec, en 2008, en plus du Congrès Eucharistique International, qui s'y tiendra également. Je me suis dit voyons, qu'est-ce qui lui prend, Jean-Paul II a demandé pardon, il y a quelques années, il me semble que cela suffisait, compte tenu que demander pardon prend tout au plus deux minutes, tandis que le tort causé à des innocents les suit toute leur vie. En tout cas. J'ai écrit à un très bon ami prêtre, l'un des meilleurs, je dirais, et lui ai passé la même remarque, avec une question: Pourquoi le Cardinal Ouellet a-t-il réveillé un chien qui dormait, et a-t-il vraiment fait ça dans une optique altruiste? J'ai eu un père qui nous a montré, et je l'en remercie, à prendre la part du plus faible. Il en découle que j'ai une corde sensible pour pas mal tous les opprimés de ce monde, principalement pour les nôtres, ici, pour commencer; ensuite, pour tous les autres, de par le monde. Je suis d'accord que d'avoir offert quinze mille dollars chacun, aux Orphelins de Duplessis, ne représente pas une compensation acceptable, compte tenu du mal qui leur a été fait et des répercussions que ce mal a eu sur la vie de chacun d'entre eux. J'en connais deux, en particulier, dont le parcours a été extrêmement douloureux et qui, encore aujourd'hui, reparlent de cela de mémoire si fidèle que l'on jurerait qu'ils ont vécu tout ça la semaine dernière, tant le récit est détaillé et fait encore partie de leur discours au moment présent. Je vous respecte si, là où vous vous situez actuellement, dans votre cheminement personnel, vous jugez harmonieux d'apostasier, mais je ne suis pas d'accord avec une stratégie qui consisterait à convaincre le plus de monde possible d'apostasier. Je crois que vos efforts pourraient être mieux orientés, par exemple en lançant une fondation quelconque, qui aurait pour but d'obtenir des indemnisations plus substantielles en faveur des Orphelins de Duplessis. Le monde actuel est certainement axé sur l'argent, et si chacun d'eux pouvait recevoir une somme intéressante, par exemple un demi-million, pour lancer un chiffre, je crois qu'après ça, étant capable de s'offrir un meilleur niveau de vie, cela aurait une valeur de consolation qui serait plus intéressante. Quinze mille ne sont rien, même pas le salaire d'une année, alors que, par suite de ce qui leur a été fait, toutes leurs années de salaire, entre 20 et 65 ans, ont été compromises. Il faudrait que l'indemnisation tienne compte du manque à gagner. Il n'y a aucune valeur de consolation, pour les Orphelins de Duplessis, à lancer une campagne de salissage contre l'Église, mais en tant que peuple, nous Québécois sommes très généreux, d'habitude, et je crois qu'il y aurait un certain mérite à tenir une sorte de téléthon, pour cette cause en particulier, et à accueillir les dons des particuliers. L'Église demeurerait libre de donner aussi, soit par l'intermédiaire des prêtres, en leur nom personnel, soit par l'intermédiaire des organismes d'Église qui voudraient participer. Et, de cette manière, les efforts iraient dans un sens positif, au lieu du sens négatif que vous leur avez donné hier soir, du moins, comme je l'ai compris. Quand on était jeunes, mon frère cadet livrait des journaux, pour gagner son argent de poche. Une fois, le monsieur qui engageait les camelots s'est essayé de toucher à mon frère. Mon frère en a fait part à mes parents, qui ont demandé à rencontrer l'homme en question et l'ont bien averti qu'ils le dénonceraient à son employeur. Il s'agissait d'un gestionnaire laïc. Le comportement le plus normal, en pareil cas, qu'il s'agisse d'un patron laïc ou d'un supérieur religieux, consiste à ne pas tolérer de gestes répréhensibles et, en rentrant à la maison, d'en informer aussitôt un adulte qui pourra prendre les dispositions nécessaires pour que ce type d'incident ne se reproduise plus. Dans le cas des Orphelins de Duplessis, ce qui a été anormal a été qu'ils étaient isolés et ne savaient pas à qui faire confiance, d'où victimisation, intériorisation de souvenirs pénibles, et ressentiment accumulé, au fil des ans. C'est pourquoi il faudrait que nous prenions, chacun sur soi, et à la mesure des moyens de chacun, une part du devoir de réparation, ce qui aurait pour effet de mettre un baume, également, sur l'isolement que ces jeunes ont éprouvé, à une époque où ils n'avaient personne pour prendre leur défense. Il y a quelques années, à la Cathédrale, nous avions un vicaire qui donnait de si belles prédications, si vivantes, si bien envoyées, que l'on voyait sourire, et se sourire entre eux, des fidèles qui ne se connaissaient même pas. Je me rappelle l'avoir entendu, une fois en particulier, dire ceci: «Si tu veux être heureux cinq minutes, venge-toi. Si tu veux être heureux toujours, pardonne.» Nous avons, peu importe notre pratique religieuse, un certain devoir de pardon envers de pauvres malades, méconnus, isolés, renfermés, soit laïques, soit religieux (les religieux sont des êtres humains, s'ils étaient des anges, on leur lancerait qu'ils sont incapables de nous comprendre, anyway), qui touchent à des enfants, par là détruisant à jamais leur confiance, non seulement envers le groupe qu'ils représentent, mais envers le monde adulte dans son ensemble. De plus en plus, les jeunes enfants sont éduqués à repérer les signes de tels comportements pathologiques et, surtout, à signaler aussitôt, à leurs parents ou à un adulte responsable, tout geste répréhensible ou suspect. Il est dommage de devoir leur parler de tout cela à un si jeune âge, mais c'est pour leur bien. Que tout le monde unisse ses efforts, chez nous, pour réparer le préjudice causé aux Orphelins de Duplessis, je trouve que c'est une bonne optique. Que vous entamiez une campagne de salissage contre l'Église, avec beaucoup de colère, ne réparera rien et je trouve que ce n'est pas une bonne optique. Pour tous ceux qui savent pourquoi ils sont heureux d'avoir la foi, et j'en suis, pour tous ceux qui savent pourquoi ils vivent et en quoi ils croient, il y aura toujours la Vie Éternelle, qui nous a été promise par Jésus Lui-même, et Il n'a jamais menti, là où toute larme sera essuyée, là où toute peine sera consolée. En attendant, il est vrai que la vie n'est pas facile et qu'elle apporte, pour pas mal tout le monde, son lot de souffrance, soit morale, soit physique, mais pour qui a la foi, et a conscience que c'est un grand cadeau, aucune peine ne restera sans consolation. Cela aide à tenir bon ici-bas, en ce monde qui, malgré tous nos efforts, demeure humain trop humain, et imparfait trop imparfait. Je vous souhaite de trouver une belle couleur de paix intérieure, de même qu'un moyen serein de réparer les torts causés à nos petits frères orphelins, dont nous sommes tous responsables et que nous avons le devoir de protéger. Alex J. Glass Écrivain catholique et réviseur linguistique fr. Montréal, centre-ville http://www.alexjglass.com et http://alexjglass.blogspot.com xx : ) †

mardi 4 décembre 2007

Appel au boycott des commerces qui évitent de dire ou d'écrire «Noël»

Avoir davantage de *pouvoir*, je me ferais peut-être entendre de manière plus véhémente (et je ne veux pas dire *virulente*!), mais j'en appelle au boycott de toutes les sociétés commerciales dont les messages publicitaires parlent de *temps des Fêtes* pour désigner la fête de Noël. Nous sommes décidément, et par trop accueillants, et par trop accommodants, et si les choses continuent de la sorte, nous allons nous faire monter sur la tête par des gens qui sont venus ICI, chez nous, chercher la paix sociale et bénéficier justement de notre belle chrétienté dont ils se moquent de plus en plus, à notre face. N'est-ce pas au nom de nos belles valeurs *chrétiennes* que nous sommes si accueillants? Or, la fête chrétienne qui approche n'est pas un *Holiday Season*, qui littéralement se traduirait par *Saison des vacances*, mais la fête de NOËL: avant tout une fête religieuse, une fête spirituelle. Si j'allais, demain, m'établir en Italie, parce que ce pays me semble charmant; ou en France, parce que ce pays d'expression française avant tout me semble proche de mes racines, je m'attendrais à consacrer au moins un an à observer les coutumes de mon nouveau pays, en vue de n'empiéter sur le terrain de personne qui regarde ce pays comme SA terre natale; en vue de m'intégrer harmonieusement à ma nouvelle société d'adoption. Je me souviens de quelque chose que disait mon père, alors que, de par sa profession de représentant médical, il avait à rencontrer fréquemment des médecins, des pharmaciens et des grossistes de toutes origines et milieux. Un jour, dans une conversation bien normale, je l'ai entendu dire ceci: Aux États-Unis, lorsqu'au cours d'un congrès, je rencontre d'autres participants dont la langue maternelle ne semble pas être l'anglais, quand je lui demande de quelle nationalité il est, il me répond invariablement: «Je suis Américain», mais ici, chez nous, lorsque je pose la même question à l'un de mes clients, les réponses sont innombrables: «Je suis Italien», «Je suis Ukraininen», «Je suis Hongrois». Toute la différence est là. Aurions-nous l'audace et l'ingratitude, si nous émigrions vers un pays étranger, après y avoir vécu à peine quelques années, de descendre dans la rue pour demander au peuple de ce pays de se débarrasser de son sapin de Noël, de toute référence à sa foi, de tous les symboles extérieurs qu'il s'est donnés, sous prétexte que cela ne correspond pas à ce que nous avions chez nous (et où nous devions être malheureux, puisque nous sommes partis)? Et nous sommes là, comme des moutons, à nous laisser faire? Il est plus que temps de redresser l'échine. Tant et aussi longtemps que nous ne nous constituerons pas, entre nous dont les ancêtres proviennent de France et ont donné leur vie pour faire le bien, entre nous dont les parents, grands-parents, arrière-grands-parents, sont ici depuis des siècles, une colonne vertébrale plus solide, rien ne va changer, et le tissu social ne fera que se détériorer. Nous sommes très ouverts à donner, empressés à aider, nous formons un peuple parmi les plus généreux du monde, mais je pense que notre générosité nous porte préjudice. Il est peut-être vrai que les Québécois se mangent la laine sur le dos, mais cette attitude va devoir changer si nous voulons conserver notre langue (qui s'en va dangereusement à la dérive, cf. innombrables sites Internet cousus de fautes de français), notre culture et nos racines spirituelles. Il ne faut jamais oublier que le tout premier berceau de notre culture, en Nouvelle-France (quel beau nom), a été celui de l'Enfant Jésus. Quiconque trouve ça quétaine devrait peut-être aller voir ailleurs, le temps de se remettre les yeux en face des orbites. Ce texte est peut-être imparfait, mais je ne suis pas capable d'éteindre l'ordinateur, ce soir, sans avoir écrit au moins quelques lignes sur cette question, qui me tient fort à cœur. Je reviendrai peut-être le polir, ces prochains jours. Il y a beaucoup de monde que j'aime, de toutes cultures, mais tout ce beau monde sait que je ne passerai pas sous silence la fête de Noël, peut-être la plus belle fête d'innocence (au sens favorable) et d'émerveillement qui nous ait été donnée, avec le meilleur exemple d'innocence authentique qui soit: Jésus, le Messie, le Sauveur, dont le monde parle encore, même quand il blasphème, pour la simple raison qu'Il est parfait et que tous les blasphèmes du monde ne changeront pas qu'Il demeure un insurpassable et insurpassé modèle de Perfection. : ) †